Pourquoi les Allemands sont ils à la traine dans l’économie de partage ?

L'économie de partage au quotidien

36% des Français s’y engagent déjà. 19% de la population adulte américaine y participent. Mais seulement 9% des Allemands ont déjà fait appel à des services dits de l’économie collaborative, appelée aussi économie de partage. Et 50% ne veulent surtout pas l’utiliser. Un écart significatif dans notre société globalisée.

Je n’ai pas la prétention d’être toujours en avance pour utiliser les nouvelles technologies. Mais en tant que consultante en marketing, je suis bien informée quant aux nouveaux outils et tendances du marché. Je les teste parfois consciemment. Mais souvent je les adopte sans même m’en rendre compte. C’est le cas pour l’économie collaborative, ou Sharing Economy.

En avril 1999, je devenais membre de Ebay que j’ai utilisé jusqu’en 2013 aussi bien comme acheteur que vendeur.

Depuis 2011, je suis membre de TrocMaison, un site dont les médias ne parlent jamais, mais qui est 100% partage sans aucune transaction financière. Pour 130 EUR d’inscription annuels, j’ai entrainé ma famille en Normandie, Bretagne, Californie, Floride, et Nouvelle Angleterre. En contrepartie, notre maison a accueilli ces familles française et américaines, alors que nous passions nos vacances dans leur maison.

Je suis adepte de Housetrip depuis 2012. AirBnB depuis 2013. Elance (maintenant Upwork) depuis 2014.

Je suis visiblement plus française qu’allemande quand on parle d’utiliser les ressources de l’économie de partage.

L’économie de partage en France

Une fois n’est pas coutume, la France dépasse largement l’Allemagne et les Etats-Unis. 82% des Français ont une bonne ou très bonne opinion de l’économie de partage. Et 36% sont déjà adeptes de Uber, AirBnB et co. Dans un article du 17 décembre, Syntec, le Syndicat du numérique français affiche la couleur :

“L’économie collaborative est sortie de sa « niche » et fait désormais partie du quotidien de chacun… plus de 8 Français sur 10 sont convaincus par cette nouvelle forme d’organisation. Cette quasi-unanimité est d’ailleurs vraie dans toutes les catégories de la population, jeunes (85 % des 18-24 ans) et moins jeunes (82 % des 65 ans et plus).”

Contrairement à l’Allemagne, la France n’est pas sortie de la crise. Le chômage est bloqué à plus de 10% de la population active. L’ambiance est morose, et le revenu médian des Français a baissé. Autant de raisons qui les poussent vers l’économie de partage. 83% estiment que le collaboratif leur permet d’économiser.

L’économie de partage aux Etats-Unis

Grâce à une étude détaillée de PWC, l’économie de partage aux Etats-Unis est beaucoup plus transparente. 44% de la population adulte américaine est familière avec le terme. Mais seulement 19% l’utilisent. Les 18-24 ans, les familles avec enfants de moins de 18 ans et les ménages avec un revenu entre 50.000 et 75.000 $ sont les plus intéressés par le sujet. Leur motivation principale est similaire aux Français : 86% pense que cela rend la vie moins chère.

Réticences allemandes à l’économie de partage

15% des Allemands connaissent le mot sans savoir forcément ce qui se cache derrière. Ce chiffre monte à un tiers quand on leur explique de quoi il s’agit : l’économie collaborative permet aux gens de gagner ou d’économiser de l’argent en se servant de ressources, de produits, de services sous utilisés.

Alors que les Allemands considèrent cette forme d’économie comme viable, 50% n’envisagent pas de l’utiliser. Et seulement 9% (contre les 36% français) ont déjà engagé des transactions collaboratives. Ce chiffre monte à 17% pour les 14-29 ans.

Ces chiffres ne me surprennent pas. Je connais bien les Allemands, j’y ai vécu plus de 20 ans. Mes enfants y sont nés. J’ai travaillé pour la majorité de ma vie en Allemagne. Depuis 2010, j’ai la double nationalité franco-allemande.

Les Allemands n’empruntent pas ou peu. Je ne parle pas de crédit. Pendant toutes ces années en Allemagne, je peux compter sur les doigts d’une main les fois où un voisin est venu me demander de le dépanner avec un oeuf ou une épice quelconque. D’abord ils sont trop organisés pour commencer une recette sans avoir vérifier qu’ils ont tout sous la main, ensuite ils iront plus facilement au supermarché acheter ce qu’il manque, plutôt que de déranger un voisin.

L’espace est sacré pour les Allemands. Leurs maisons sont souvent protégées par des barrières, clôtures, haies pour défendre toute intrusion visuelle ou auditive. Ils se retranchent dans leur jardin, toujours situé derrière la maison à l’abris de tout regard. Leur maison est le refuge du monde extérieur. En conséquence, être invité dans une famille allemande est un grand honneur !

Enfin, il faut comprendre que les Allemands sont très discrets et protègent fortement leur vie privée, beaucoup plus que les Français et encore plus que les Américains. En entreprise, les portes des bureaux sont fermées. Rentrer sans frapper, sans attendre d’invitation est très mal vu. Il est fréquent de voir un collègue dans le cadre d’une porte s’entretenir avec celui assis derrière son bureau.

Pour conclure, rappelons nous que les Allemands chérissent leur voiture par dessus tout. Je prétend même qu‘ils traitent mieux leur voiture que leur femme. Elles rutilent (les voitures, pas les femmes) le samedi après un nettoyage professionnel. Rien à voir avec les voitures françaises, elles n’ont pas une bosse, égratignure ou trace de rouille.

Autant de raisons expliquant pourquoi les Allemands ont autant de mal avec l’économie de partage. Trocmaison.com ne propose que 1.253 maisons à échanger en Allemagne contre 9.627 en France. Uber n’a pas réussi à prendre pied en Allemagne.

Pour finir une petite note bien française. Ohlala, une application souvent décrite comme le Uber du sexe, met en relation des clients prêts à payer avec des femmes prêtes à partager leur temps… ou plus si affinités. Contrairement à ce que son nom pourrait suggérer, Ohlala vient d’Allemagne. Oh là là, nos voisins allemands vont-ils se laisser convaincre ? En tous les cas, Ohlala voit grand. Il y a quelque jour, la presse américaine annonçait son lancement à New York.

Sources :
PWC consumer survey – The Sharing Economy, déc. 2014.
France : Syntec Numérique – L’économie collaborative, déc. 2015.
Allemagne : GfK, Sharing Economy, sept. 2015.

Crédit photo by ArtFamily

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Celebrating 2 Years of Blogging With You!
I hope you had a fun and informative year following my blog,...
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8 Comments

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  1. Bien dommage que cet article soit caricatural et finalement n’analyse pas le phénomène dans sa profondeur, j’aurais cru apprendre quelque chose et je me retrouve à lire des caricatures sur la culture allemande qui en plus, par mon expérience ne se vérifient pas.

    En fait c’est tout sauf un article sur l’économie collaborative!

  2. says: Knut Roland Popp

    Vous avez absolument raison. Je suis né en Saxonie (une région de l’Allemagne de l’est) ou cette façon de vivere n’existait (presque) pas. Entre 1985 et 1995 j’ai travaillé en France. Cette période a laissé des traçes, je vous jure. Aujourd’hui je me retrouve en Bavière / Franconie et observe tous les jours ce phénomène de fermeture, de distance. Tot ou tard je doit retourner en France.

  3. says: Palome

    Après lecture de cet article, je ne sais toujours pas ce qu’est l’économie de partage…
    Il y a tellement de mauvais articles dans ce genre sur le web, qui parle d’une chose, sans même expliquer de quoi il s’agit. Alors si 36% de Francais y sont familié, les 2/3 qui vont passer ici n’y comprendront rien
    De ce fait, aucun des arguments cités plus haut n’a de sens et j’irai même plus loin: ne permet de deviner de quoi il s’agit. On se la raconte sur 2 paragraphes, on lance de chiffres et des études… Il faut ouvrir les fenêtres et prendre l’air et aussi du recul.

    1. says: Catherine

      Merci Palome de “partager” votre avis ! Ce post n’a pas l’objectif de remplacer Wikipedia sur ce qu’est l’économie collaborative, mais de comparer l’acceptation du concept entre la France, l’Allemagne et les Etats-Unis. Si cela vous intéresse, je vous renvoie aux sources citées en fin d’article.

  4. says: Monika Tschida-Spiers

    Interesting article Catherine!
    What I also need is an app for handymen (instead of a chauffeur like Uber, a handyman) comes over and fixes the issue…
    Can please somebody develop this app???