Anti-écolos les Américains ?

Écolos ou anti-écolos les Américains ?

Anti-écolos, les Américains ? Pas si sur que cela. Les clichés pullulent sur les Américains, leurs grosses voitures, la clim’ à fond partout et leurs champs de pétrole au Texas. Cependant les Etats-Unis sont un des principaux producteurs d’énergie renouvelable qui couvre 12,5% de leurs besoins énergétiques. 2) C’est à peine moins que la France (14%). 

La COP21 aux Etats-Unis, c’est loin

Les Américains sont les champions des pick-ups, ces grosses voitures utilitaires avec une surface ouverte à l’arrière. Depuis 30 ans, la Ford F est la voiture la plus vendue aux Etats-Unis, sans compter les innombrables copies comme la Chevrolet Silverado ou le Dodge Ram. Pas besoin d’ailleurs d’être charpentier ou agriculteur pour rouler en pick-up: c’est le type de voiture le plus populaire aux Etats-Unis.

En septembre dernier, le magazine Challenge comparait la Ford F à nos modestes voitures françaises :

“Ce véhicule gigantesque (5,50 mètres de long dans sa version la plus courte, presque deux mètres de plus qu’une Twingo !), assez rustique, pas vraiment sobre, mais vaste, robuste, capable d’affronter les pires traitements et les chemins les plus défoncés, ne coûte pas plus cher aux States (en version de base) qu’un Renault Kangoo en France !…

Pour mouvoir ces géants, Ford ne lésine pas. Au programme : des moteurs V6 de 2,7 et 3,5 litres de cylindrée (plus du triple d’une Twingo), ou alors de bons gros V8 comme on les aime outre-Atlantique, de 5,0 litres.

Réduction des émissions de C02 ? Bof. Et pourtant, Ford affirme avoir réduit le poids de 350 kilos et donc les consommations jusqu’à 20%, par rapport au modèle antérieur. Les mini-moteurs trois cylindres, actuellement proposés par PSA, Renault ou Ford en Europe, feraient rigoler les clients de « F ».”

Les Américains aiment les grosses voitures, certes. Là où j’avoue être plus que perplexe, c’est quand je me fais doubler sur l’autoroute par des 4×4 jettant des nuages de fumée noire. J’ai d’abord cru à la défaillance technique, jusqu’à ce que je tombe sur un article décrivant les “Coal Rollers”. Un Coal Roller (en français, charbon roulant) c’est un pick-up modifié volontairement pour polluer au maximum. Les adeptes sont très fiers de leur grosse cylindrée anti-écolo et disent montrer ainsi leur mécontentement envers le gouvernement Obama et ses mesures environnementales.

Pourquoi si peu d’intérêt pour l’environnement ?

Cinq éléments jouent un rôle dans la mentalité non-écolo des Américains :

– Taille du pays
Jetez donc un regard sur le pays ! Immense ! Les Etats-Unis, c’est 15 fois la France. Les champs de pétrole du Texas ou du Dakota sont bien loin quand on habite New York ou Miami. Histoire de se remettre les distances en tête : New York est à 4 heures de vol de Houston, la plus grande ville du Texas. Ou bien à 2.600 km, soit la distance entre Paris et Moscou.

– Bas prix de l’essence et du gaz
Je paye actuellement (Mars 2016) 0,60 EUR par litre d’essence. En région parisienne, le super sans plomb le moins cher coûte toujours plus du double ! Même si un pick-up consomme 15 l au 100, le plein ne coûte pas plus cher aux Etats-Unis qu’en France.

– Pays producteur de pétrole
Les Etats-Unis sont traditionnellement producteurs de pétrole, et cette industrie crée des emplois. D’après DeutschlandFunk (une très sérieuse station de radio allemande), le taux de chômage d’une petite ville texane a baissé de 9 à 5% et les salaires moyens augmenté de 9$ à 18$ de l’heure depuis le développement du gaz de schiste.

– Législation en faveur du propriétaire du terrain
Contrairement à la France, au Texas, les ressources naturelles trouvées en profondeur appartiennent aux propriétaires du terrain. Du jour au lendemain, des éleveurs de bétail sont devenus multi-millionnaires. Jusqu’à 25% des revenus de l’exploitation des champs de pétrole leur revient ! On ferme un oeil ou deux sur la pollution dans ces cas-là, n’est ce pas ?

– Mentalité en opposition avec protection de l’environnement
Aux Etats-Unis, il est très bien vu d’avoir du succès. Faire des affaires et s’enrichir est vraiment bien accepté. Se préoccuper de l’environnement n’est pas prometteur de richesse, bien au contraire. Dans un pays où le temps c’est de l’argent (j’y ai consacré un blog post ici) seuls les naïfs peuvent se permettre de perdre du temps, donc de l’argent, avec des considérations environnementales.

Les Etats-Unis, le pays champion du paradoxe

Les Parcs nationaux occupent une place importante sur le territoire et dans le coeur des Américains. Des espaces immenses sont préservés et ouverts au public. Le Grand Canyon, les parcs du sud-ouest américain, les Rocheuses et beaucoup d’autres font la joie des touristes.

Les Etats-Unis sont aussi les champions des énergies renouvelables. Certes la taille du pays et des ressources aident. Selon energies-renouvelables.org :

“Le palmarès du pays est impressionnant : leader mondial dans les filières éolienne, biomasse, géothermique, héliothermodynamique… il décroche la 3ème place du classement mondiale solaire photovoltaïque… et est le 4ème producteur mondial d’hydroélectricité…”

Contrairement à l’Allemagne (ne l’oubliez pas ! Je suis aussi Allemande que Française, pour plus de détails, consultez cette page !) qui a fait le pari des énergies renouvelables après Fukushima, les Américains sont très pragmatiques. Quand le vent ne souffle pas, ou le soleil ne brille pas, les centrales électriques prennent la relève. En Allemagne, les centrales thermiques au charbon compensent en émettant des gaz à effet de serre !

Les Etats-Unis couvrent 12,5% de leur besoin en énergie avec les énergies renouvelables. Tendance à la hausse. La France fait à  peine mieux avec 14% et serait à la traîne selon le Monde.

Quels conséquences pour vendre aux Etats-Unis ?

Au quotidien, les Etats-Unis sont très loin de l’environnement. Le plastique se trouve partout dans les supermarchés. Fruits et légumes sur-emballés dans des boites en plastique, sacs plastiques gratuits en caisse, il y a beaucoup moins de cartons qu’en Allemagne ou même qu’en France. Mais les législations varient d’état à état, voire même de county à county. Ainsi un sachet plastique ne coûte rien dans la ville de Washington, alors que dans le Montgomery County voisin, il vous en coûtera 5c par sachet.

Et si 55% des Américaines ne pensent pas que les changements climatiques sont un problème très sérieux, il n’en reste que 45% pensent le contraire.1) La notion de protection de l’environnement est étroitement lié ici aux préférences électorales. Les démocrates (le parti d’Obama et de Clinton) et les libéraux encouragent des lois restrictives pour protéger l’environnement. Les Républicains (le parti des Bush et de Trump) considèrent que de telles lois ne sont pas favorables à l’emploi et l’économie. Ou plus simplement, les Républicains sont plutôt anti-écolos, et les Démocrates plutôt écolos.

Si le prochain président est démocrate, et qu’il dispose d’une majorité au congrès (ce qui n’est pas le cas pour Obama depuis 2014), les Etats-Unis verront sans doute un renforcement des lois pour la protection de l’environnement. Si c’est un Républicain, et il pourrait s’agir de Donald Trump, le statu-quo sera maintenu.

Et vous, quel est votre avis ?

Sources:
1) PEW Research Center
2) http://www.energies-renouvelables.org/observ-er/html/inventaire/pdf/15e-inventaire-Chap03-3.2.2-USA.pdf

Crédit photo by Samuel Borges

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2 Comments

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  1. says: Sara

    Très bon article !
    Il y a en effet deux vitesses aux USA, mais dans l’ensemble, là où on vit, je ne les trouve pas très concernés par l’écologie et l’économie d’énergies…
    Il ne nous reste plus qu’à croiser les doigts pour qu’un démocrate soit élu !