Les habitants de Washington courent sans arrêt, de même qu’à Miami, Chicago, Los Angeles, etc… New York est connue comme la ville qui ne dort jamais. Quel choc en arrivant aux Etats-Unis ! Mais aujourd’hui, ma vision du “Time is Money” américain est plus nuancée. Quittez les métropoles, observez la minorité hispanique, et vous verrez que le rythme y est beaucoup plus humain.
Le Time is Money américain
Je me suis habituée au rythme de vie à Washington : notre club de gym ouvre à 5:30 et ne ferme le soir qu’à 22:30. Les magasins sont ouverts 7 jours sur 7, et je peux faire mes courses à minuit en allant au supermarché du coin.
Depuis que je vis ici, le temps est devenu ma denrée rare. Pourtant je n’ai jamais manqué de coeur à l’ouvrage et mon rythme en Allemagne (Working Mum!) était très soutenu aussi. Mais ici ? Pire, 1000 fois pire.
D’après l’OCDE, en 2015 un Américain a travaillé en moyenne 419 heures de plus par an qu’un Allemand, et 308 de plus qu’un Français.
[tweetthis remove_twitter_handles=”true” remove_hidden_hashtags=”true”]En 2015 un Américain a travaillé en Ø 419h de plus par an qu’un Allemand, et 308 de plus qu’un Français.[/tweetthis]Les choses qui m’énervent dans le rythme à Washington
Au quotidien, voici 5 aspects du Time is Money américain qui me tapent sur le système :
– manger avec un lance-pierre : dans les restaurants, il m’est arrivé souvent qu’on m’emmène le plat principal alors que je n’ai pas fini mon entrée
– me faire sentir indésirable : toujours au restaurant, je deviens très agressive quand on veut m’enlever mon assiette dès la dernière bouchée avalée. Attention : prenez cette expression au premier degré. Vous venez juste de porter la fourchette à votre bouche, un serveur arrive et prends votre assiette. Excuse me? Comment protester avec la bouche pleine ? Je me couche pratiquement sur l’assiette, lance un regard noir et inflige un “Not yet, please!” qui décourage toujours.
– mes invités qui partent deux heures après leur arrivée, top chrono. Ils ont tacté leur soirée à l’américaine, il ne faut pas perdre de temps ! Peu importe le lieu, l’occasion ou les autres invités.
– les anniversaires : mes enfants scolarisés en école américaine ont été invité par TOUS les enfants de leur classe. J’en parlais déjà l’an passé dans ce post (Les nouvelles technologies au service du time is money) : là aussi top chrono, 1h30 ou 2h pour jouer et manger pizza et gâteau.
– toujours les anniversaires : Une spécialité de notre quartier privilégié, pour ne pas avoir à préparer et à nettoyer chez eux, les parents organisent les anniversaires en dehors de leur maison. A cette occasion, ils claquent 300 à 400 $ pour leur gamin de 4 à 7 ans ! Cela fait cher de l’heure, n’est-ce pas ? Moi, en tous les cas, je suis dans la résistance et organise encore les anniversaires de mes enfants à la maison. Point, à la ligne.
[tweetthis]A Washington, les parents dépensent 300-400$ pour les anniversaires de leurs enfants[/tweetthis]Est-ce que tous les Américains vivent sous la bannière du Time Is Money ?
Habitant sur la côte Est, je me suis renseignée sur les habitudes côte Ouest. Idem. Le style vestimentaire est plus cool, mais la ponctualité et la notion que le temps, c’est de l’argent, sont là aussi des traits dominants dans le mode de vie.
En revanche, au détour de mes voyages et road trip, j’ai découvert un style de vie plus conforme à ce que je connais de France ou d’Allemagne. Ainsi à Lexington (>300.000 habitants), dans le Kentucky, beaucoup de magasins ferment à 17h ou 17h30 (Starbucks dans le centre ville). Les embouteillages commencent tôt, mais à 18h tout est calme dans les rues !
[crp limit=”2″ heading=”1″ cache=”1″]Plus les villes sont petites, plus la vie est calme. N’y aurait il donc peu de différences avec l’Europe ? Hummm… je n’irais pas jusque là. Les supermarchés restent ouverts plus tard, les centres commerciaux aussi. Sans oublier que les centrales d’appel sont joignables 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.
Alors pourquoi certains Américains sont ils si pressés ?
Le Time is Money américain ne peut s’expliquer seulement par l’appât du gain. La motivation réelle, c’est le succès, la réussite et les efforts qui sont récompensés. L’argent n’est que la manifestation de la réussite. Avoir une belle maison, rouler en Mercedes, afficher des vêtements de marque chère, voyager première classe, les Américains en parlent pour montrer qu’ils ont réussi dans la vie.
[tweetthis remove_hidden_hashtags=”true”]Time is Money, ce n’est pas seulement l’appât du gain. La motivation réelle, c’est le succès.[/tweetthis]Je ne vais pas faire ici un topo de la conquête des Etats-Unis, mais celle-ci s’est faite à la sueur du front et au sang des colons et pionniers. Leurs conditions de (sur)vie étaient particulièrement difficiles et seuls les plus persévérants et les plus habiles ont survécu. Dans le monde d’aujourd’hui, c’est devenu : travaille beaucoup et tes efforts seront récompensés.
La compétition est plus forte dans les métropoles
Ce n’est pas typique de Washington, ou des métropoles américaines. Dans toutes les grandes villes du monde, les gens courent. Ils courent pour attraper un bus, un métro, être à l’heure etc.
Ce qui était autrefois une lutte pour survivre face à des éléments hostiles, est devenu une course contre la montre pour les Parisiens, Munichois ou New-Yorkais. Mais les Américains sont passés maîtres dans l’art de la gestion du temps, et dans l’optimisation à la minute près.
Ainsi, les week-ends sont organisés autour des activités sociales des uns et des autres : sport, musique, compétition, anniversaire, messe, brunch, barbecue, cinéma, shopping. Je les vois courir d’un endroit à l’autre… et je l’avoue, nos samedis ressemblent beaucoup à cette description.
L’exception hispanique
Il ne faudrait cependant pas oublier que la population des Etats-Unis n’est pas homogène.
Dans les 17,6% Américains d’origine hispanique, 47% se considèrent très différent des Américains de souche. Dans une étude du Think Tank PEW Hispanic de 2012, il ressort que :
Most Hispanics do not see a shared common culture among U.S. Hispanics. Nearly seven-in-ten (69%) say Hispanics in the U.S. have many different cultures, while 29% say Hispanics in the U.S. share a common culture.
Pas plus tard que samedi dernier, mon mari attendait Erik (notre maitre de chantier bolivien) entre 13h30 et 14h00. Erik n’est pas venu, et trois jours plus tard n’a toujours pas appelé pour s’excuser et reprogrammer sa venue. Il travaille chez nous depuis 2013, et ce n’est ni pas la première, ni la dernière fois que cela se produit.
Crédit photo by masson
Je “lis” differement la fermeture du Starbucks, ou autre, du centre ville. Apres la fermeture des bureaux, le business district est desert et le tenir ouvert n’est plus rentable…. Bien sur, je prefere votre explication!
Merci MDD ! Entièrement d’accord, mais finalement, cela se ramène quand même aux sous : on ferme quand il n’y a plus personne pour connsommer ! Vous vivez dans ce beau Kentucky ?
Je pense que oui, c’est un peu plus calme, mais peut-être aussi puisque on était en modus “vacance” ????.
C’est un article très intéressant! Merci!
Merci Evelyne ! Je vois sur Instagram que vous finissez un beau road trip en Floride, tu confirmes que c’est plus calme par là-bas ? 😉