Comment rester authentique dans un univers interculturel ?

#PopeInDC

Juste avant que Washington, New York et Philadelphie ne s’enflamment autour de la visite du pape, j’ai assisté à un événement, justement autour du pape, de la National Geographic Society. Le photographe David Yoder a suivi pendant six mois le pontife et en a fait un livre magnifique, le montrant dans sa fonction au quotidien. Ce soir là, il a partagé avec nous son expérience et commenté ses photos préférées. Une des questions qui m’a le plus frappé fut “Le pape François est-il vraiment aussi authentique qu’on le voit sur les photos ?”.

Cette question me turlupine depuis plusieurs jours maintenant : comment rester authentique tout en vivant dans une autre culture ? Je suis née Française et me suis installée en Allemagne aussitôt après mes études. Depuis 2009, j’ai la double nationalité franco-allemande et depuis 2013, je vis aux Etats-Unis. Depuis plus de 20 ans, je travaille à cheval sur différentes cultures, que j’explique aussi à mes clients. A mes enfants, je raconte que je traduis les silences, le non-dit, pour les uns et les autres.

Comment rester soi-même sans heurter la sensibilité des autres ? Sans les choquer avec des blagues lestes à la Française ? Sans les ennuyer avec des faits détaillés à l’Allemande ? Je suis d’un naturel ouvert, souriant et chaleureux. Cela ne passe pas auprès de tous les Allemands mais ne pose aucun problème aux Américains. Dans mon travail, je suis encore très formatée à la précision allemande, ce qui ennuie les Américains et donne l’impression de les sermonner aux Français.

Avec l’expérience, j’ai développé des tactiques de communication que j’emploie aussi dans le privé. Malheureusement, parce qu’il est fatigant de chasser son naturel et de penser au meilleur moyen pour arriver à ses fins. Dans tous les cas, plus je maîtrise mon style de communication, meilleurs sont les résultats.

7 Cs pour rester authentique dans l’interculturel

Voici ma recette, et comme toute recette, chacun y ajoutera sa note personnelle. Moins de sel, plus d’épice, un autre légume, etc. Remarquez ici l’analogie culinaire qui n’interpellera que peu les Américains, plus forts à utiliser des analogies sportives.

Connaître son environnement pour identifier les différences

Connaître les différences et pouvoir s’y adapter est certes un facteur clef de succès. L’aspect humain reste cependant une composante fondamentale dans les affaires. Alors que les Allemands sont fiers de leur objectivité, ils n’en restent toutefois que des hommes, pour qui la confiance joue un fort rôle dans la prise de décision.

Comprendre les différences pour les mieux les assimiler et les accepter

Les Américains prennent leur chance, là ou nous voyons un risque. Remis dans le contexte de la conquête des Etats-Unis, nous ne pouvons qu’admirer leur courage. La vie était rude, l’environnement hostile. Seuls les plus persévérants et les plus habiles ont survécu. Tout n’était que risque, au vu de notre perspective. Pour eux, c’était une chance d’améliorer leur situation.

Comparer n’est qu’un outil pour aider à la compréhension et non pour cloisonner

Comparer est dans la nature de l’homme. Les enfants le font instinctivement, ne voulant pas être défavorisés par rapport à leurs frères et soeurs. Reste qu’il faut comparer en positif. Comparer pour se sentir supérieur ne mène qu’à heurter son partenaire. Je vois aujourd’hui les avantages des travaux routiers à l’américaine, jamais annoncés, et où deux personnes sont assignées à chaque bout du petit tronçon , chacun avec la même pancarte réversible SLOW ou STOP. Grosso modo en Allemagne, les travaux sont annoncés quelques semaines avant et des feux gèrent alors la circulation alternée. Ce qui marque un plus grand professionnalisme, est beaucoup moins flexible. Finalement, plutôt des travaux mal foutus mais tout de suite, que des chantiers planifiés au millimètre laissant les usagers en face du grand trou au milieu de la rue pendant des jours.

Cadrer ses attentes en fonction de son environnement.

Je travaille régulièrement sur du développement à l’export pour des PME européennes. Je couvre donc les marchés francophones, germanophones ainsi que les Etats-Unis. Un des points qui résonne chez mes clients concerne le rythme du business. Aux Etats-Unis, tout va beaucoup plus vite. Pas facile pour une société allemande, qui travaille avec de plus grandes équipes, donc plus difficile à bouger : la majorité du personnel de Volkswagen aux Etats-Unis sont des locaux. Malgré leur expérience avec la maison-mère allemande, ils sont souvent frustrés par ce qu’ils voient comme un manque de réactivité de leurs collègues en Allemagne.

Clarifier les attentes de chaque partie

En interculturel, il est ardu de comprendre la communication non verbale. On peut croire ou non aux médiums, mais il est peu probable que vous en trouverez dans le monde des affaires. A moins de travailler avec un spécialiste (comme moi, n’hésitez pas à prendre contact ici !), il est préférable de définir les attentes des uns et autres et de privilégier une communication ouverte. Je n’ai jamais fait de mauvaises expériences en étant préparée et honnête.

Ne pas catégoriser ses partenaires

Cela reste le plus grand piège à éviter et je n’y coupe pas non plus ! Lisez donc mon blog post sur les Américains qui ne savent pas conduire ! Bien sûr que certains Américains savent se garer et conduisent de façon sensé. Ma mère, paix à son âme, était un danger public sur la route. Mettre des gens dans des tiroirs semble bien pratique mais n’oubliez pas l’adage que l’habit ne fait pas le moine !

Critiquer aide rarement à progresser

Tout le monde ne maîtrise pas l’art de la critique constructive. A éviter donc ! Soyez cependant près à écouter les Allemands qui sont très directs. Ce que vous appréhenderez comme critique (Vous êtes en retard), n’est pour eux qu’un fait (la réunion commençait à 8h).

Et l’authenticité dans tout cela ?

Et bien, c’est la touche personnelle de la recette. Je laisserais la parole ici à une collègue, expatriée de France à l’age de 7 ans, ayant vécu depuis en Europe, Amérique Latine et aux Etats-Unis :

“… au fil du temps, j’ai appris à observer pour comprendre comment les gens discutent, blaguent, argumentent etc… Chaque culture a ses codes et il faut les déchiffrer avant de pouvoir parler “leur langue“. J’ai aussi appris à m’adapter à la situation et à l’interlocuteur, donc j’évite le sarcasme à la française, du moins pour un certain temps. Finalement, j’apprends à les connaître sans les heurter mais ils apprennent aussi à me connaître. Petit à petit, je révèle des détails de ma culture, de ma façon d’argumenter, de voir la vie, etc… Je teste et si je vois que mon interlocuteur a l’esprit ouvert, qu’on “connecte”, je continue et la relation se développe.”

Mon expertise est à votre service ! Prenez contact ici et je reviendrais vers vous dans les 24 heures.

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2 Comments

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  1. says: Jean

    This pope is fascinating as he gives us back a sense of hope, truth and humanity. He stands for the values that make human beings happy. I remember people bored about religion a few years ago, now everybody is on the street to welcome the pope. This blog nicely translates what the pope stands for: love above cultures and races. Definitively he is the symbol for cross cultural success! One thing I think the pope does pretty well is not only to accept differences but to value them and welcome diversity.

    I like very much these 7Cs, which make a lot of sense in my job!